les anciennes restaurations

L’ORGUE KUTTINGER et SES RESTAURATIONS.

1.   Restauration de 1816  par Jean-François VAUTRIN, facteur nancéien .
Les  archives paroissiales  font état  de réparations de l’orgue…urgentes en 1813. Sur la demande de la Fabrique de Vézelise , Vautrin  fournit  un devis datant du  15 Juin 1816 concernant « les ouvrages à faire, tant dans l’intérieur qu’à  l’extérieur  de l’orgue de l’église paroissiale du dit Vézelise, soit pour en rétablir  les défectuosités survenues et par l’effet du temps et surtout pour avoir été remonté  par des hommes qui n’étaient pas de l’art et qui n’ont su replacer les tuyaux où ils devaient être ».

La Fabrique Paroissiale n’a pas de fonds, elle supplie le  Préfet  de  la  Meurthe,  le Contre-Amiral Comte de Kersaint, d’user de son autorité « pour faire mettre à  la disposition de Vézelise les ressources nécessaires » pour  réparer l’orgue ( lettre  du  7 Juillet 1816. signé : Alba, curé ; J. Salle, Rollin, Carbon, Lhuillier et deux noms  illisibles) . La Préfecture fait droit à la supplique ,  approuve le devis et autorise les travaux  le 23 Septembre 1816 . Signé : Secrétaire Général de la Préfecture, Comte  de Crésolles .

Vautrin connaît bien l’instrument « pour l’avoir soigné avant la Révolution  à l’Abbaye de Beauprey ». Les travaux sont estimés  à mille francs. Il semble que Vautrin ait remplacé le Bourdon de l ‘Echo, le devis de 1816 n’en fait pas mention .

2.   Restauration  de 1840  par  Joseph  CUVILLIER , facteur nancéien .
Le devis du 6 janvier 1840 indique un relevage complet  de tous les jeux et mécanismes qui composent l’ensemble de l’orgue. S’ajoutent les transformations suivantes :
•    Remplacement des trois claviers de 50 notes par des claviers neufs « en blanc » de 53 notes (CD-f’’’), avec des petits sommiers supplémentaires  pour les trois notes nouvelles .
•    Grand Buffet :
–    Remettre les 4 tuyaux en bois de la Trompette de pédale en étain.
–    Remplacer la Grosse Tierce 3 1/5 par un Violoncelle 8’.
–    Refondre les jeux de trompettes et remettre des anches neufs à tous les jeux de trompettes.
–    Transformer la Trompette 8’ du GO en dessus de Bombarde.
–    Reformer 3 registres au 3° clavier qui est l’Echo : 1. jeu d’écho. 2. Récit de Hautbois  ( transfert du dessus de  Hautbois  du  positif, remplacé par un dessus de Trompette 8’) . 3. Récit de Flûte 8’ (c’-f ‘’’) •    Pédales :
Toutes les Flûtes 8’ et 4’ ainsi que les Trompettes et Clairons seront remis en parfait état de réception et dans un accord parfait  avec  l’ensemble de l’orgue .
•    Positif :
Les mêmes réparations seront faites au positif qu’au grand buffet à
l‘égard de la Montre , des jeux de fond ainsi que des jeux d’anches.
–     Former 2 registres du jeu de Cromhorne
–     Remplacer le Hautbois par un dessus de Trompette  et  qui  doivent tous monter au Fa  (f ‘’’).
–     Réparer la soufflerie  de manière à ne laisser aucune perte de vent.
–     Remettre le grand porte-vent dans un état de réception parfaite .

Pour la somme de 2 100 F.
Enfin terminer le tout pour le 1 juin prochain.

Le sieur  CUVILLIER  garantira  pendant 5 ans  les travaux  qu’il aura exécutés à l’orgue ;  pendant ce laps de temps il viendra chaque année  pour accorder  les  divers jeux dont l’instrument sera composé et ce, sans rétribution.

Réception  des  travaux  approuvée  en bonne  et conforme  exécution  par  Mr  A- BARCA , organiste de la cathédrale de Nancy . Le 24 Août  1840 .

Relevé aux Archives Paroissiales de Vézelise .

La composition de l’Orgue était  la suivante :

I. Positif de dos  (53  notes , CD – f ‘’’)

Bourdon         8
Montre           4
Flûte               4
Nazard     2  2/3
Doublette       2
Tierce             1  3/5

Larigot         1  1/3
Plein-Jeu      4-5 rgs
Cromhorne        8
Basse de Clairon  4   (C-h)
Dessus de Trompette  8  (c’ – d ‘’’)

II. Grand-Orgue(53 notes , C – f ‘’’)

Bourdon        16
Montre            8
Bourdon          8
Violoncelle      8 
Prestant           4
Nazard      2  2/3
Doublette        2
Quarte de Nazard   2 

Tierce 1  3/5
Grand Cornet    5 rgs
Fourniture         3 rgs
Cymbale           3 rgs
Bombarde 8 (C – h) – 16 (c’ – f ‘’’)
Trompette       4 ( C – h)  – 8(c’ – f ‘’’)
Voix humaine          8
Trompette de récit 8 (c’ – d ‘’’)

III. Echo: (30 notes, c’ – f ‘’’)
Flûte                8
Cornet       5 rgs
Hautbois         8

Pédale : (20 notes, FGA – d’)

3.   Intervention du facteur Jean-Nicolas JEANPIERRE  de Rambervillers :
Par  deux lettres des 30 mai et 21 juillet 1866, le curé de Vézelise, Jean-Adam Klein, rappelle au facteur Jeanpierre sa promesse  de venir  réparer  l’orgue . L’intervention datée de 1867 n’a pas laissé de trace(s)…

4.  Restauration  de  1880  par Jean BLESI , facteur nancéien :
•    Suppression de l’Echo remplacé par un Récit expressif  de 5 jeux : Cromhorne  du  Positif
Voix Humaine du Grand-Orgue
Flûte 4 de l’EchoGambe 8  et Voix Céleste neuves .
•    Transfert probable  de la Flüte 8 de l’Echo  au Grand-Orgue sur la chape de la Voix Humaine.
•    Transfert du Hautbois de l’Echo au Positif , complété par un Basson neuf .
•    Hausse du diapason  du « ton de chapelle »  en si bémol …au  « diapason  normal » à 435 Hz , tempérament égal, entailles de timbre .
•    Trois claviers neufs portés à 54 notes .
•    Remplacement des cinq soufflets cunéiformes  par un réservoir  à plis compensés , pression de 90 mm . Soufflet  disposé  dans l’alcôve de la tribune  et  sous le Récit  expressif .

Les travaux sont réceptionnés le 21 novembre 1880  par Romary   Grosjean , organiste de la cathédrale de Saint-Dié et Léopold  Gigout, architecte à Nancy .

5.  Deuxième Restauration de Jean BLESI  en 1889-1890 :

Le devis du 15 septembre 1889 prévoit les modifications suivantes :
•    Transfert de la Flûte 8 de 30 notes du Grand-Orgue au Récit  où elle est  transformée en Bourdon 8  et remplacement par une Flûte  harmonique 8 de 42  notes .
•    Transfert de la Quarte du Grand-Orgue  au Récit et remplacement par une Gambe avec freins harmoniques .
•    Ajout  d’un second sommier de cinq jeux au Récit dont trois jeux neufs : Quintaton 16, Trompette harmonique 8 et Cor anglais 8 .

Sur le mur du fond de l’alcôve, à gauche, une inscription  signale  les travaux  exécutés par Blési  mais avec un oubli : le Quintaton 16 installé en 1890 .
« fait la première restauration soufflerie claviers boîte expressive et 5 jeux anno 1880 décembre agrandi la boîte expressive par un sommier supplémentaire posé la Trompette harmq Cor anglais  Gambe  et Flûte harmonique le 13 Mai 1890
Par Jean Blési à Nancy
expertisé par Monsieur Gigout  architecte »

Après les travaux de Jean Blési, la composition de l’orgue était la suivante ,  telle que Théodore Jacquot  l’a relevée le 17 avril 1935 :

I. Positif de dos
(53 notes , CD-f ‘’’) :
Bourdon 8
Montre                           4
Flûte                                4
Nazard                       2 2/3
Doublette                         2
Tierce                         1 3/5
Larigot                       1 1/3
Plein-Jeu                 5-4 rgs
Basse de Clairon 4   C-h
Dessus de Trompette 8   c’-d’’’
Basson – Hautbois 8

II. Grand-Orgue 
(53 notes , CD- f ‘’’) :
Bourdon 16
Montre                             8
Bourdon                           8
Flûte harmonique             8
Gambe                              8
Prestant                            4
Nazard                        2 2/3
Doublette                         2
Tierce                         1 3/5
Grand Cornet              5 rgs Fourniture                   3 rgs Cymbale                      3 rgs
Bombarde                  8 – 16  C-h en 8’, c’-f ‘’’en 16’
Trompette            4 –  8  C-h en 4’, c’-f ‘’’ en  8’
Trompette de récit          8  c’-f ‘’’ sur le petit sommier du cornet

II. Grand-Orgue  (53 notes , CD- f ‘’’) :
Bourdon 16
Montre                             8
Bourdon                           8
Flûte harmonique             8
Gambe                              8
Prestant                            4
Nazard                        2 2/3
Doublette                         2
Tierce                         1 3/5
Grand Cornet              5 rgs Fourniture                   3 rgs Cymbale                      3 rgs
Bombarde                  8 – 16  C-h en 8’, c’-f ‘’’en 16’
Trompette            4 –  8  C-h en 4’, c’-f ‘’’ en  8’
Trompette de récit            8  c’-f ‘’’ sur le petit sommier du cornet

III. Récit expressif   (54 notes , C – f ‘’’)

Quintaton 16
Bourdon                          8
Gambe                             8
Voix Céleste                     8 
Flûte                                4
Octavin                            2
Trompette harmonique   8
Cromhorne                      8
Voix humaine                   8
Cor anglais                       8

Pédale (20 notes , FGA – d’)
Flûte 12       &           Flûte 6
Bombarde 12  &  Trompette  6

Accouplements  I / II  et  III / II
Tirasse   II           Trémolo  III
Tonnerre

6.   Restauration  de JACQUOT-LAVERGNE  de Rambervillers  en 1935 – 1936 :

Le Chanoine Charles MARTIN, curé-doyen de Vézelise de 1926  à sa mort en 1949, montre un zèle évident pour l’orgue de sa paroisse . Un  ventilateur  électrique  est installé  en 1935 par la Maison Eugène ZOEPFEL  de Nancy, pour 3 665,70 F … mais  son fonctionnement ne donne pas satisfaction : il faut le concours d’un facteur d’orgue . Le  chanoine Martin  en  profite  pour demander  un relevage de l’orgue. Trois facteurs sont contactés : Huguin  et  Martin de Nancy  et  Jacquot-Lavergne  de  Rambervillers qui envoie le 2 mai 1935  un devis pour relevage et  transformations . Ce dernier est retenu le 12 mai 1935 .

L’église est classée Monument Historique : il faut l’aval  des  Beaux-Arts  pour  toute  intervention sur l’orgue  (lequel ne sera classé qu’en 1980 ). Le chanoine pense pouvoir se passer  de cette autorisation . Théodore Jacquot  est  d’accord  de ne pas « passer par les Beaux-Arts, chose préférable à tous rapports ». Le 3 Juin , le chanoine Martin  lui  annonce que  les Beaux-Arts sont au courant du projet et qu’il  conviendrait  de ne leur donner que le devis du relevage s’élevant  à 10 000 F …sans  leur  parler  des 16 000 F payés par la paroisse et consacrés aux diverses modifications . C’est d’accord. L’architecte  départemental  Charbonnier reçoit le devis de relevage  en septembre 1935 , l’architecte  des MH, Marcel Poutaraud, le retourne le 1er octobre à Th. Jacquot  qui répond le 5 octobre par une soumission de 10 000 F . Dans le même temps , le devis  non déclaré gonflait pour atteindre les  45 500 F …

Dans un courrier du 29 octobre 1935, le chanoine Martin avoue son inquiétude au facteur :

« En ce qui concerne  l’adjonction d’une machine  Barker  à un orgue ancien , ne pensez- vous pas que je puisse un jour être incriminé d’avoir fait  une  hérésie ou  un massacre ? Cette chose se fait-elle couramment dans les orgues  anciens ? Les Beaux-Arts  le  permet- tent-ils ? » . Jacquot le rassure en lui indiquant que  des  machines Barker   on  été  installées  à la cathédrale de Nancy par Cavaillé-Coll  et à celle de Toul  par lui-même en 1919.

L’orgue est démonté en Janvier 1936. Il est décidé de reconstruire la mécanique des jeux : à la console, les jeux de fonds à gauche  et les jeux de combinaisons  à droite. L’harmonie sera assurée par J.Perroux, élève de Cavaillé-Coll . Le  chanoine  Martin  approuve :  « Il est certain que si l’on plaçait  les jeux dans l’ancien ordre, nous passerions  à la postérité pour des Béotiens ».

L’orgue est remonté en avril 1936  sous la direction de René Lavergne :

  • Une 1° Octave est ajoutée à la Flûte Harmonique du GO
  • La  Bombarde 8-16  devient  Bombarde 16
  • La  Trompette  4-8 du GO  devient  Trompette 8
  • La  Trompette 8 de récit du GO devient Clairon 4
  • La  Trompette 4-8 du positif devient Trompette 8
  • La  Pédale passe de 20 à 30 notes
  • Emprunt du Bourdon 16 du GO à la pédale
  • Nouvelle mécanique des notes et des jeux avec machine Barker
  • Claviers : le GO passe en 1° position
  • Ajout : Accouplement Réc / Pos et tirasses Pos et Réc
  • Transformation du sommier du GO avec une 2° laye à l’arrière .

Après les travaux  qui se montent à 50 000 F , le chanoine Martin  demande  à Jacquot  un mémoire destiné aux Beaux-Arts indiquant le montant prévu et  l’imprévu, à savoir  la la somme de 10 874 F  dont 874 F pour « démontage et transformation des claviers »  ins- crit au mémoire du 1° novembre 1936 . L’architecte en chef qui  devait être incompétent en facture d’orgues  ne vit même pas les modifications  apparentes , notamment les tuyaux de pédale qui dépassaient  du  buffet  XVIII° à l’arrière de l’orgue , de façon  disgracieuse. L’inauguration est fixée au Dimanche 7 juin 1936 à 15h. Le chanoine  Martin fait appel  à Robert Barth, jeune organiste non-voyant de St Léon de Nancy qui  interprète  Toccata et fugue en ré mineur de JS. Bach, Fantaisie en ut de C. Franck, Prélude et fugue en si mineur de C. St-Saëns, Andante de la 1° sonate de F. Mendelssohn, Toccata de Ch. Tournemire, et « Allocution par l’Abbé Ch.Gegout, enfant de Vézelise ».Le concert se poursuit par l’Adagio de la 3° symphonie de Ch. M. Widor, exécuté par l’organiste titulaire non-voyant,  Mr J. Pierre  Robert Barth poursuit avec une improvisation sur le Cantique à ND de Sion composé par  M. le chanoine Kaltnecker, puis Sœur Monique de Fr. Couperin, l’Andante de la 2°Sonate en trio de JS. Bach , le Menuet Gothique de L. Boëllmann  . Salut  du  Très  Saint Sacrement  – Motets exécutés par la Schola des Pères Oblats de Sion sous la direction  du Père Guiteau … Sortie : Final en ré de L. Vierne .

* * * *

7..    Intervention de  Pierre Huguin de Champ-le-Duc (88)  en 1969:

Selon les archives paroissiales de l’année 1969, on note « Réparation de l’orgue »  sur la demande de l’organiste non-voyante Geneviève Rudelli .

« Sur les conseils  de Jean Huguin, l’accordeur habituel, on a employé son frère, Pierre Huguin, de  Champ-le-Duc  (près Bruyères). Le  prix  de  cette  « restauration » ( ?) s’est  élevé à 7 100 F, plus les frais de séjour et repas à l’Hôtel de Lorraine (852 F).

Ce fut un bon nettoyage et dépoussiérage de l’orgue mais à quel prix !!… A l’avenir ne plus employer ce « facteur d’orgue » peu consciencieux » (sic).